La convergence des intérêts déplacent des montagnes pour lutter contre l’envahisseur. Comment une « armée » de librairies indépendantes a contré Amazon ? Quelles leçons en tirer pour les « petits » auteurs de l’Autoédition en France ?
Nous sommes en octobre 1996. Amazon avait deux ans. Jeff Bezos est interviewé par Fast Company. Il donne sa vision des librairies physiques dans le futur :
🔊 Amazon ne va pas mettre les librairies en faillite. Vous verrez que ces dernières deviendront des lieux plus agréables. Des canapés confortables y prendront place. Les librairies deviendront des centres communautaires où l'on peut échanger, boire un café... Tout le monde a sa place.
Jeff Bezos
Qu’en est-il en 2022 ?
Très rarement observé de tels rebonds dans une industrie. À ce niveau, c’est très américain.
Aux États-Unis, entre 1995 et 2000, en seulement 5 ans, Amazon a foudroyé 43 % des librairies indépendantes, un carnage ! (Source : Havard Business School.)
La riposte s’est progressivement organisée à partir de 2005, jusqu’à exploser au milieu des années 2010. + 35 % d’ouvertures de librairies indépendantes. Elles continuent à ce jour de se développer, même si période de calme pendant la pandémie de Covid.
L’essor était tel, qu’Amazon inaugure en 2015, sa première librairie physique à Seattle. S’ensuivent 68 librairies en dures, précisément aux Etats-Unis et au Royaume-Uni + des pops stores « 4 étoiles ». (𝐄𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫 – En mars 2022, Amazon a tout fermé. Pas assez rentable ^^).
À quoi est dû ce regain ?
À une mutualisation des forces entre les librairies indépendantes et leur association l’ABA (Américan Booksellers Association).
Ils ont appliqué la 𝐫𝐞̀𝐠𝐥𝐞 𝟑𝐂 ➤ Communauté – Curation – Convocation
● 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐚𝐮𝐭𝐞́ – Ils ont défendu et propagé l’idée du 𝐥𝐨𝐜𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞. À travers tout le pays, ils ont promu l’idée, que les consommateurs soutiennent leurs communautés locales, en achetant dans les commerces de quartier. Ils ont placé un 𝐥𝐢𝐞𝐧 𝐟𝐨𝐫𝐭 entre valeur et communauté locale.
● 𝐂𝐮𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 – Ils ont parié sur une expérience client plus personnelle et spécialisée. En conservant et multipliant les inventaires*. Plutôt que de recommander que des best-sellers, ils se sont enquis à connaître les préférences de leurs clients. But : proposer d’autres horizons : auteurs, thématiques. Cela a développé des relations personnelles fortes.
* Inventaire : dans ce sens, est un point de situation, permettant de déceler ce qui se lit ou pas. Amazon, réalise plus de 150 inventaires par an. Jusqu’alors les librairies indépendantes, c’était 4 ou 5. Ils ont agi.
● 𝐂𝐨𝐧𝐯𝐨𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 – Pour boucler la boucle, les libraires indépendants et l’ABA, ont misé fort en parallèle, sur l’organisation et la promotion d’évènements, créant ainsi des animations : réunions de clients partageant les mêmes intérêts, conférences, dédicaces, soirées de jeux, des lectures de contes pour enfants, des groupes de lectures pour jeunes adultes, des anniversaires…
À RETENIR
Même si Jeff Bezos n’a pas souligné le carnage, sa vision était juste. Il connait l’esprit américain ^^
L’ABA et ses libraires n’ont pas râlé. Ils ont constaté et agi. À méditer…
Et alors ?
Dans un précédent article ► Comment promouvoir physiquement physiquement ses ouvrages, hors des cadres standards, j’abordais le travail en pool.
Mais là, la solution est une tentacule d’une autre envergure.
Je ne crois pas au développement commercial des « petits » auteurs par le biais d’un syndicat à mission politique. C’est très français, de râler, de politiser des problématiques. Le combat n’est pas là et rien ne sert de se comparer aux américains et à leur association : l’ABA.
Mais n’a-t-on pas là, un modèle pour s’inspirer ? Est-ce qu’une réflexion collective peut-être menée ? Seriez-vous prêt pour créer un collectif d’actions ? C’est un peu le combat que je veux mener avec l’Annuaire (quand il ressortira).
Le meilleur à vous.